(n) est une plateforme collaborative qui déploie et expérimente des espaces artistiques, en développant des pratiques en interrelation avec les contextes explorés et les territoires investis. (n) fait partie de divers réseaux artistiques et culturels notamment le réseau minuscule de 26 associations dénommées par les lettres de l’alphabet.
Créée en 2015 par le duo d'artistes Marina Pirot et Dominique Leroy, (n) a fondé le lieu d’agriculture en arts Kerminy (Bretagne, France) en 2020 et sa résidence d’artistes Ope(n) autogérée, s’engageant alors dans la fusion des dimensions culturelles et culturales. Le duo devenu artistes-paysan.e.s depuis Cyclo-farm, la micro-ferme maraîchère expérimentale en art qu’ils créent à Kerminy, arpente l’écologie sociale et politique au quotidien depuis ce terrain de pratique agriculturelle. Les enjeux d’autonomie travaillés sur site répondent à une respiration institutionnelle. L’écoute sonore et l’écoute somatique sont devenues les médias artistiques privilégiés de (n) pour des alliances avec une diversité de vivant.es, co-auteur.ices de performances contributives et régénératrices des paysages explorés. Une serre sonifiée, des récoltes somatiques ou dansées collectives, de la traction animale, des semis de graines enrobées à l’argile prélevé sur site, sont autant de gestes d’écoute-contact du milieu. Les pratiques de (n), soucieuses d’une autonomie collective, relèvent du réemploi, des low tech, du Do It Together et de l’open source dans ses processus de fabrication.
La pratique de (n) comprend un travail de recherche et de nomenclature par un langage (n) qui se développe au gré des projets et des dialogues avec des chercheur.euse.s et personnes engagées sur les sujets explorés. (n) superpose des cadres de partages à ces recherches-actions qui prennent la forme de rencontres professionnelles comme Fluxon, Ecosoma, Pandorhack, Agrilab ou de diffusion publique par le parcours artistique Park renouvelé chaque saison.
Le travail s’ancre et se partage essentiellement à Kerminy, également dans d'autres sites, ou lors de colloques, expositions ou publications.
Le soin au long cours apporté à ses milieux de pratiques, fait des artistes (n) des cultivateurs de relations ténues avec les vivants d’un territoire. Ils s’attachent brouiller les catégories par des méthodes de détournement des codes de la scène artistique, comme des nouages impromptus avec le domaine agricole. (n) s’attache à la maintenance et à la vivacité des processus naturels de syntropie et entretient des solidarités créatives.
Les processus de travail de (n) pourraient inspirer des potentialités de renouvellement des modes de production et de diffusion de l’art d’aujourd’hui...et de demain.
Présentation de Marina Pirot et Dominique Leroy extraite de la thèse d'Antoine Freychet "Démarches artistiques et préoccupations écologiques : l'écoute dans l'écologie sonore" :
Dominique Leroy est un artiste sonore, qui réalise des installations, des expositions, et des parcours sonores, afin de nous mettre à l’écoute du lieu. Son travail est généralement collaboratif, à partir de dispositifs techniques (de captation et diffusion sonores) recyclés et détournés, et relevant de ce qu’il nomme la « lutherie expérimentale de paysage ». Marina Pirot, quant à elle, est une artiste opérant dans le champ de la danse et des pratiques écosomatiques (le Body Weather et le Body Mind Centering notamment). Son travail porte sur la relation entre le corps et les milieux ainsi que sur la collecte des savoirs gestuels. Dans ses recherches actuelles, elle cherche à imbriquer le toucher et l’écoute. Il est possible de mentionner à cet égard « l’écoute-contact » (qui vise à ausculter le corps de l’autre, notre propre corps, le sol, etc., en y collant directement nos oreilles où à l’aide de fines tiges qui servent à conduire les sons) et la création de « partitions sonomatiques » (où s’entremêlent l’attention aux sensations du corps et la conscientisation de la manière dont l’extérieur affecte le corps par le biais du son). Les travaux de Dominique Leroy et Marina Pirot sont relativement complémentaires (production de dispositifs, d’installations... d’un côté ; ateliers et performances de l’autre), et ces deux artistes travaillent régulièrement ensemble (Sédiments, Hum !, ou même Kerminy, qui, en tant que tel, peut tout à fait être considéré comme un projet artistique). L’idée, chaque fois, c’est de rendre sensibles et de faire interagir les différents mondes (subjectif, technique, économique, météorologique, sonore, etc.).
BIOS de Marina(n)Dom
Dominique Leroy est artiste-paysan travaillant à Kerminy, Bretagne, France. Il a suivi une formation dans le domaine des arts visuels et multi-médias à Nantes et Anvers (École des beaux-arts en 1996 et HISK/institut d’arts visuels en 2004). Sa pratique multi-disciplinaire (musique, installation sonore, scénographie, commissariat d’exposition…) lui permet depuis 1996 de poursuivre un travail de création artistique en lien et en collaboration avec différents lieux d’arts, laboratoires culturels européens, Universités, groupes de chercheur.euse.s, d’artistes et compagnies de danse. Ses créations et recherches, installations visuelles et sonores, explorent l’identité de milieux de vies. Elles associent différentes pratiques et savoirs qui font appel à la technologie des capteurs, de la transduction sonore et aux flux numériques, à l’architecture et l’acoustique, la lutherie expérimentale de paysage. Dominique Leroy travaille les milieux en tant que capteurs et révélateurs de leur propre substance, vibration et matière. L'artiste invite souvent à traverser cette multiplicité du réel, en immersion subtile et poétique, comme un nouvel espace à explorer mêlant différentes échelles et points de vue. Depuis 1996, Dominique Leroy est invité à nombreuses résidences et expositions en France et à l'étranger notamment pour de nombreuses expositions et projets collectifs, qu'il a parfois contribué à initier (ex : résidence « La Pommerie » axée sur l'art sonore, expositions lors de CITY SONICS/Mons (B), digital studio, ICA/Londres, W139/Amsterdam, De Apple Fondation/Amsterdam, Palais des Beaux-Arts/Bxl, STUK/Leuven (B), festival PIKSEL(No), Rainforest IV, area 10 Londres) etc… Entre 2005-2010, il rejoint l’association APO33/musiques électroniques et art expérimental à Nantes et créée le projet ECOS/rencontres internationales d’éco-création à partir de 2006 qui participe à plusieurs projets de coopération entre structures culturelles (dans le cadre d’Europe Créative). ECOS est devenue une association d'art et écologie urbaine importante à Nantes, qui existe encore aujourd'hui. Dominique a travaillé à la conception et réalisation d'une scénographie pour plusieurs créations de la compagnie DRC/David Rolland chorégraphie (Nantes), et divers projets d'expositions ou de performance de poésie sonore comme Fordlandia avec la poète Florence Jou. Dominique co-fonde en 2015 avec Marina Pirot le laboratoire (n) qui travaille en art expérimental, les questions liées à la transition esthétique et aux mutations écologiques. Dominique réside à Kerminy, en Bretagne, depuis la création du lieu agriculturel en 2020.
Marina Pirot est artiste somatique paysanne travaillant à Kerminy, chercheuse engagée dans les questions de la performance artistique située (DU Danse-Arts- Performance en 2013, DNSEP Paris-Cergy en 2004, DU d’ingénierie culturelle, classe préparatoire littéraire, DEUG lettres modernes). Après une recherche en danse sur la météorologie des corps, laboratoire chorégraphique crée par Min Tanaka au Japon : « le Body Weather Laboratory, pratique contemporaine pour la danse : le laboratoire du toucher » menée avec Christine Quoiraud, Alix de Morant et Moni Hunt (soutien du CND 2018- 2020), Marina poursuit son travail performatif engageant l'inter-coporéité. Ses collaborations avec des artistes chorégraphiques, plasticiens sonores et des chercheur.euse.s s’activent dans des paysages choisis où les explorations artistiques s’articulent aux mutations écologiques situées. Ses créations artistiques à partir de modules corporels de perception «intermission body-mind » (IBM) s’appuient sur diverses pratiques chorégraphiques, somatiques et notamment sur sa formation « Matières, Arts somatiques » auprès d’Anne Expert qui transmet les principes d’incorporation selon l’approche du Body-Mind Centering®. Marina Pirot a fondé plusieurs structures de créations artistiques (ON TIME en 2009, KAÏROS en 2013) qui lui ont permis d' oeuvrer en tant que curatrice indépendante, et d'impulser de nombreuses collaborations avec artistes et chercheur.euses dans des contextes de travail comme le site archéologique de Rezé, l’Université de Nantes, le Voyage à Nantes- Estuaire Nantes-Saint-Nazaire, et de contribuer à des projets européens ALOTOF (A Laboratory On The Open Fields) et INTERMISSION. Le laboratoire artistique (n) créé avec Dominique Leroy initie une collaboration artistique qui croise somatique et son, agriculture et art, en lien étroit avec des laboratoires universitaires souvent partenaires. L’implication de (n) dans la création du lieu de recherche et de travail artistique Kerminy, a mené Marina à la création d’Écosoma pour développer les pratiques en arts écosomatiques sur le lieu et soutenir les recherches performatives et chorégraphiques qui s'y déploient.